Les nouveaux horaires de trains entrent en vigueur ce dimanche 10 décembre. À la gare de Virton aussi. Réjouissance pour le cadencement horaire et le train « étudiants » au départ d’Arlon pour Liège le dimanche soir et désolation pour la suppression des trains directs Virton-Luxembourg, au détriment des frontaliers, public-cible nombreux et déjà en partie adepte du train.

Pour tout défenseur du train et des transports publics en général, rater une occasion de se réjouir serait vraiment dommage tant c’est peu fréquent : fermetures de guichets et de halls de gares, retards chroniques, incidents de parcours, suppression de trains, les doléances sont nombreuses. Elles ancrent malheureusement dans le public l’idée que décidément le rail est un moyen peu fiable or rien n’est moins faux, à condition d’investir à temps et suffisamment, dans le matériel, dans l’entretien du réseau, dans le personnel pour le faire fonctionner et dans les services à la clientèle. C’est là que le bât blesse.

Pour les habitants, élèves et travailleurs de l’extrême sud-ouest (Rouvroy, Meix et Virton), il y a lieu de se réjouir mais aussi de se désoler.

Se réjouir si on se contente de lire l’information de la SNCB concernant la nouvelle « offre de trains » à partir de ce dimanche 10 décembre : cadence horaire vers Libramont via Florenville et Bertrix dans un sens, vers Arlon via Halanzy, Aubange, Athus et Messancy dans l’autre. A cela s’ajoute un train direct dédicacé « étudiants » du dimanche soir au départ d’Arlon vers Liège. Ce train « étudiants », Écolo-Virton demande qu’il démarre de Virton plutôt que d’Arlon. En effet, l’absence de rupture de charge (changement de train) est un atout significatif pour des voyageurs chargés comme le sont les koteurs.

Se désoler quand on comprend qu’il manque un paragraphe dans ce descriptif, celui de la suppression des trains directs Virton-Luxembourg, ce qui implique, pour les navetteurs se rendant au Grand-Duché, un départ anticipé, un retour retardé, un temps de parcours allongé et un changement de train… Voir à ce propos le site des Amis du Rail.

Soyons clairs, la cadence horaire est une victoire pour tous ceux qui se battent pour le rail et singulièrement Écolo. La cadence horaire est une condition au développement de l’usage du train: pour les publics captifs (ne disposant pas de voiture) car ils trouveront là une amélioration de la mobilité pour rejoindre l’école, le travail (et pour en trouver) et les loisirs comme pour les autres publics qui peuvent plus facilement effectuer une partie de leurs déplacements en train. C’est une réelle avancée, qui ne s’inscrira dans la durée que si elle est suivie d’effet en terme de voyageurs, ce qui est un vrai défi nécessitant significativement plus d’actions de soutien et de promotion, notamment au niveau des communes, trop timides jusqu’à présent. Un potentiel de développement donc. Qui pourrait encore s’accroître si la gare de Meix-devant-Virton pouvait rouvrir comme le défendent également les amis du rail.

La suppression des trains directs Virton-Luxembourg, exploités depuis quelques années par les CFL (chemins de fer luxembourgeois) nous rappelle que nos voisins grands-ducaux ont aussi à faire des choix d’affectation de leur matériel. Leur décision est de les affecter dorénavant vers la Lorraine. Il est permis de se questionner sur les attitudes respectives de la Belgique et de la France par rapport aux relations ferroviaires avec le GDL. Toujours est-il qu’un public-cible bien identifié et en partie déjà capté (les frontaliers) et nombreux voit l’offre « idéale » pour lui disparaître et être remplacée par une offre bien moins attractive voire même carrément dissuasive si on se place du point de vue des navetteurs montant à Halanzy, très près de la frontière. Ce n’est pas de cette manière que les routes pourront se dégager dans l’avenir. Ce n’est pas de cette façon que nous réduirons notre empreinte écologique.

Enfin, il est difficile de ne pas évoquer le contexte du chemin de fer en Belgique, qui n’est pas du tout réjouissant. Le doublement de la cadence des trains sur notre ligne ne signifie pas que la SNCB dispose tout d’un coup de plus de matériel et de personnel. C’est un jeu à somme nulle, ce qui est donné quelque part est pris ailleurs. Les économies imposées à la société de chemins de fer affecte le personnel, la vitesse de remise à niveau du réseau et le développement d’une nouvelle offre. Si les correspondances à Libramont sont en théorie améliorées, il est à craindre que les retards sur la « grande ligne » en raison notamment des travaux continueront encore longtemps à nous les faire rater. Tout cela ne doit toutefois pas émousser notre volonté de promotion du rail tant il a des vertus pour les humains comme pour la planète. Écolo continuera de soutenir le rail systématiquement, à Virton comme ailleurs.

Bon voyage !